L’accès universel à l’eau potable est-il possible dans les régions géologiques de socle africaines ?
Les acteurs opérationnels sont confrontés à de nombreuses difficultés pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations d’Afrique sub-saharienne, populations qui sont parmi les plus mal desservies aujourd’hui. Dans les régions géologiques de roches de socle, ces difficultés poussent les acteurs du développement, institutionnels et privés, à interpeller la communauté scientifique. Certaines questions opérationnelles sont ainsi récurrentes :
- Où trouver l’eau souterraine en quantité suffisante pour alimenter les zones urbaines et péri-urbaines au travers de réseau de distribution ?
- Comment quantifier, à l’échelle spatiale du site de prélèvement, les volumes en eau souterraine qui peuvent être prélevés annuellement ?
- Comment anticiper, à l’échelle temporelle des prochaines décennies, l’évolution de la soutenabilité des prélèvements en eau souterraine ?
- Au regard des limites planétaires et des changements globaux en cours, l’accès universel à l’eau potable est-il possible dans ces régions géologiques ?
Des chercheurs du LMI organisent une session à la conférence internationale de l’IAH
Les chercheurs du réseau ASAO "Aquifères de Socle en Afrique de l’Ouest", regroupant notamment des membres des axes 3 et 4 du LMI, ont organisé une session "Is universal drinking water coverage possible in the African hard-rock basement region ?" (4h30) à la conférence de l’association internationale des hydrogéologues (IAH) (18-20 mai 2022), afin de faire le point sur les connaissances permettant de répondre à ces questions, et particulièrement sur les défis qui restent à relever dans le cadre de la vision intégrée qu’imposent les ODDs aux acteurs opérationnels.
Un premier temps pour créer les conditions du dialogue et présenter les enjeux
Pour sensibiliser l’ensemble des participants du colloque (scientifiques mais aussi décideurs et praticiens dont certains invités par ASAO) au questionnement porté par le collectif, et pour l’inciter à prendre part à la session ASAO, le collectif a organisé un sondage sur la question suivante : "la couverture universelle en eau potable en zone de socle Africaine est-elle possible ?" Sur 100 votants, 81 réponses ont été "oui".
Pour présenter les résultats du sondage, les participants à la conférence ont ensuite été invités à un débat mouvant autour de propositions clivantes invitant chacun à se positionner, afin de se projeter dans les problématiques abordées. Ensuite Jean-Michel Vouillamoz a donné, au nom du collectif, une présentation de cadrage faisant le point sur les problématiques et l’état des connaissances (permettant déjà, pour partie, de répondre à la question de la faisabilité de l’accès universel à l’eau potable d’ici 2030) et les défis à relever. Cette présentation a été le point d’entrée permettant d’introduire les différentes présentations scientifiques au format, plus classique, imposé par la conférence, des membres du collectif, et plus généralement des contributions à la session.
Un second temps de présentation plus conventionnelle de résultats
Une vingtaine de contributions ont permis de discuter les stratégies d’implantation de forage et celles de leur protection, les apports et limites des outils de géophysique pour la prospection, les réserves d’eau disponibles et la durabilité de leur mobilisation pour l’alimentation en eau potable ou l’irrigation, les mécanismes naturels de vidange et de recharge des nappes… Des études menées par des équipes différentes dans différentes régions de socle font des constats très similaires à ceux d’ASAO, confirmant la mise à jour du modèle conceptuel de ces aquifères et ses implications pour la mobilisation des eaux souterraine.
Par ailleurs, cette session a été l’occasion de discuter des synergies ou de la compétition entre les stratégies visant à l’atteinte d’ODDs différents, comme dans le cas des techniques agro-écologiques de conservation des eaux et des sols à vocation de production agricole et de lutte contre la dégradation des terres, mais non sans impact sur la recharge des aquifères.
Mis à jour le 6 juillet 2022